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PE/ÉCONOMIE: Pour un fonds de sauvetage fort et une recapitalisation des banques

Wednesday 26 October 2011 Agence Europe
Dimanche, c'était le silence radio, a constaté, au nom du groupe PPE, la Néerlandaise Corien Wortmann-Kooll: ensuite, les seules informations venaient de « fuites ». On comprend que les citoyens, à un moment où les emplois sont menacés et l'euro est attaqué, se sentent insécurisés et se demandent si Europe est vraiment en mesure de régler les problèmes. Si la crise de la dette naît dans les pays membres, leurs problèmes nous touchent touts, affirme-t-elle: nous profitons tous de cette monnaie commune et le renforcement du FESF (Fonds européen de stabilité financière) et la recapitalisation des banques sont indispensables si l'on souhaite une solution durable à la crise. Mme Wortmann-Kool plaide pour un FESF fort et la garantie de l'indépendance de la Banque centrale européenne. Le risque de contagion existe, met-elle en garde: la recapitalisation des banques doit donc être accompagnée d'une gestion responsable, d'un assainissement durable des banques et de la réglementation des marchés financiers. Faut-il aller plus loin en intervenant dans le budget des États membres ? Ceci suppose un débat sur l'intégration budgétaire et économique en Europe, et un éventuel changement du traité.

Pour une fois, le Conseil européen de mercredi méritera peut-être d'être qualifié d'historique, un mot trop souvent galvaudé. C'est l'espoir du président du groupe S&D, l'Allemand Martin Schulz, qui admet avoir souvent critiqué la fragmentation de l'Union en trois partie: le « directoire » franco-allemand, les pays de la zone de l'euro, et le reste. Cette fragmentation est un grand danger, constate Martin Schulz: trop de pays se trouvent dans une situation de dépendance par rapport à la politique intérieure et donc face à leurs électeurs, et tout esprit communautaire s'envole. Il a cité l'exemple de la Slovaquie mais en épinglant aussi, sans les nommer, d'autres États qui, prisonniers de leurs jeux tactiques, mettent en péril l'euro. « Il faut casser ça », a lancé M. Schulz, en s'insurgeant contre « l'invention de nouvelles et inutiles institutions » et en invitant les pays membres à ne pas jouer avec la confiance des citoyens. Ces derniers sont las de se voir toujours proposer le même scénario: on annonce une décision et on ne l'applique pas, pour recommencer peu de temps après et en faisant des conférences de presse (une allusion à l'intervention Merkel/Sarkozy) « sur des choses sur lesquelles on ne s'est pas mis d'accord ». Sa suggestion aux chefs d'État et de gouvernement: réunissez-vous le temps qu'il faut pour arriver à de vraies décisions, mais gare à toute tentative de saper les pouvoirs du Parlement (si on décide d'intervenir dans les budgets nationaux, le Parlement européen veut avoir son mot à dire). Et qu'Hermann Van Rompuy vienne nous faire rapport…

Cela me donne une idée, a enchaîné le président du groupe ADLE, le Belge Guy Verhofstadt: jeudi 27 octobre, je vais proposer à la conférence des présidents du PE d'inviter le président du Conseil européen, M. Van Rompuy, le président de la Commission José Manuel Barroso et Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, à la session plénière de novembre pour parler de la gouvernance économique dans la zone euro. Après vingt mois d'hésitations, j'ai l'impression, a-t-il dit, qu'ils ont compris qu'il faut un plan global pour redonner la stabilité à la zone et une sorte de feuille de route pour le réaliser. Il suffirait, selon Guy Verhofstadt, de reprendre pour l'essentiel les sept grandes mesures identifiées dans une résolution adoptée à l'écrasante majorité par le Parlement. Et il a invité le président Buzek à rappeler ces mesures aux chefs d'État et de gouvernement réunis en Conseil européen. Le cœur de cet édifice doit être le renforcement du Fond de sauvetage. Les propositions circulent déjà, pas ici, a ironisé l'ancien Premier ministre belge, mais dans les capitales et au Bundestag (qui doit voter demain). Mais M. Verhofstadt l'a aussi: ça fait environ trois pages et demie, c'est un système complexe, il faut le lire deux ou trois fois pour comprendre. Il se demande donc s'il va vraiment fonctionner: on donne des garanties de 20% à toutes les obligations émises par les pays en difficultés, mais est-ce que cela va suffire pour calmer les marchés ? Pour M. Verhofstadt la solution se trouve, on le sait, dans un véritable marché obligataire européen.
J'ai le sentiment de me trouver dans l'Europe d'après le Congrès de Vienne, a constaté le Tchèque Jan Zahradil, au nom du groupe CRE: mais alors on parle de « concert des puissances, et aujourd'hui une chancelière et un président somment un Premier ministre de se taire… ». Et ce sont toujours les contribuables qui paient pour le comportement irresponsable des gouvernements, des banques et des spéculateurs. Pour lui, « l'européanisation de la dette » ne peut être qu'une solution à court terme: il faudrait reconnaître ouvertement (er non pas dans les couloirs) que « l'euro n'est pas un projet pour tous ».

Ce qui a été décidé pour la Grèce était une erreur, a martelé la co-présidente du groupe des Verts/ALE, l'Allemande Rebecca Harms: dotation insuffisante du Fond de sauvetage au départ, insistance sur l'austérité qui a abouti à un désastre annoncé. Les sommets de crise ne sont pas la solution à la crise: il faut donner à la Grèce (et aux autre pays) un tout autre signal. Grâce à un plan de reconstruction fondé sur la durabilité et sur une planification crédible. L'augmentation de la dotation du FESF doit être suffisante ; la recapitalisation des banques doit aller plus vite (si on veut que le cas Dexia reste isolé), les budgets publics doivent être assainis. Pour Mme Harms, une Convention devrait délibérer de l'avenir de l'Europe économique, et les compétences du commissaire actuellement responsable des affaires économiques et monétaires devraient être élargies. N'ayons pas peur de nos électeurs, conclut-elle, si nous voulons contrôler les effets de la crise.
Dans le même esprit, le président du groupe GUE/NGL, son compatriote Lothar Biski, a critiqué le caractère chaotique de la gestion de la crise ; seules de mesures radicales peuvent mettre fin à la spéculation, les « astuces financières et techniques » ne mènent à rien. Pour M. Bisky, il fut éviter l'insolvabilité des banques grecques menacées dans leur existence et sauver les salaires et l'épargne du citoyens.

Le co-président du groupe EFD, l'Italien Francesco Speroni, a estimé au contraire que la crise financière n'est qu'une preuve de l'incapacité de l'Europe et il insiste: il ne faut pas profiter de cette crise pour enlever des pouvoirs aux État et les transférer à l'Union