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Vers Bâle IV ? Les banques dans l’incertitude

Monday 25 April 2016 Revue Banque Visit source website

Edito

Bâle III + (I)

Le régulateur est affirmatif : pas de Bâle IV à l’horizon… mais seulement des travaux d’achèvement du programme prévu par Bâle III. Pourtant, l’ampleur de ces derniers impressionne les professionnels : après l’étude du numérateur du ratio de solvabilité (les fonds propres éligibles), c’est au dénominateur que s’attaque le Comité de Bâle, c’est-à-dire aux actifs pondérés par le risque. Les objectifs sont clairs – simplification et homogénéisation pour une meilleure comparabilité –, mais les sujets de réflexion nombreux :

  • utilisation des modèles internes jugée trop « optimiste », trop complexe et finalement parfois peu fiable ; l’option serait notamment supprimée pour le risque opérationnel et des floors viendraient limiter les économies de fonds propres procurés par ces modèles pour les risques de marché et de crédit ;
  • nouvel outil de mesure du risque dans les portefeuilles de négociation (l’expected shortfall remplacerait la VaR) ;
  • prise en compte du risque de taux. Des travaux qui suscitent l’inquiétude de la part des banques françaises qui y voient une menace sur le crédit immobilier à taux fixe et cautionnés, qui est la forme la plus répandue de financement immobilier dans l’Hexagone…

Ces changements ont déjà leur lot d’acronymes barbares, entre FRTB et IRRBB, mais le dossier réalisé par Séverine Leboucher (Revue Banque), entre pédagogie et expertise, donne les clefs pour comprendre ces nouveaux développements.

Débat sur la politique monétaire

Les flots de monnaie banque centrale, déversés depuis quelques années sur le compte des banques, n’ont pas eu les effets escomptés par la BCE, en matière de relance économique. Cette situation suscite des débats quant aux politiques monétaires et à leurs effets :

  • si certains[1] mettent en cause le pouvoir de création monétaire « ex nihilo » des banques à travers la distribution de crédits, Bernard Cherlonneix (économiste) rappelle que « la création de monnaie issue du crédit bancaire n’a lieu qu’en contrepartie d’une créance née d’une création de richesse, c’est-à-dire de la vente d’un bien (ou service) à un acheteur qui “accepte” de payer le prix de la chose vendue à une échéance convenue, paiement qui soldera le crédit bancaire et mettra ainsi fin à la création monétaire temporaire. En saine économie, la monnaie de banque n’est créée que pour financer un échange réel préalable. La monnaie créée par les banquiers n’est donc pas créée à partir de rien » ;
  • autre objet de débat : l’idée d’un « quantitative easing for people » resurgit, dans laquelle la banque centrale distribue directement sa manne aux agents économiques, pour accroître l’efficacité de sa politique monétaire. Milton Friedman avait utilisé, pour illustrer cette idée, la parabole de l’hélicoptère déversant des billets (helicopter money). Didier Marteau (ESCP Europe, AON) montre que cette mesure pourrait prendre deux formes : « parmi les deux principales formes d’hélicoptère, le financement monétaire “d’un déficit fiscal d’aubaine” avec une éventuelle annulation de la dette du Trésor par la banque centrale, ou la création de base monétaire sans contrepartie à destination des banques, sous l’engagement simultané de créditer le compte de dépôts de leurs clients, la dernière solution nous paraît la plus conforme à l’esprit des concepteurs de l’idée ».

Levée des sanctions vis-à-vis de l’Iran

Lorsque le samedi 16 janvier 2016, l’Agence Internationale de l’énergie atomique (AIEA) a certifié que l’Iran avait rempli ses engagements liés au nucléaire, la plupart des sanctions de l’Union européenne, ainsi que les sanctions américaines dites « secondaires » concernant les ressortissants non-américains, ont été levées. mais, comme le soulignent Naidira Alemova-Goeres (EY, ACAMS) et Angela Salter (ACAMS), la vigilance reste de mise pour les institutions financières. Notamment ces libertés ne s’appliquent pas aux ressortissants américains souhaitant faire des affaires avec l’Iran et, par exemple, « toute transaction n’ayant aucun lien avec les États-Unis, mais effectuée en dollars américains ou nécessitant d’être autorisée par une banque de compensation basée aux États-Unis, restera sujette aux sanctions secondaires ».

 

1 Lire à ce sujet le dossier « Création monétaire et inflation »,Banque et Stratégie n° 345, daté de mars 2016.

Sommaire

Dossier : Vers Bâle IV ? Les banques dans l’incertitude

Les régulateurs jurent qu’il ne s’agit que de la finalisation de Bâle III, mais l’industrie bancaire s’inquiète de la révision en profondeur du mode de calcul des risques pris par les établissements. Risques de crédit, de marché, opérationnel et même de taux sont concernés par les réformes en ...

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