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Cyber-menace systémique

vendredi 24 juin 2016 AGEFI Visiter le site source

Parmi les risques systémiques qui menacent la finance, il en est un trop souterrain pour être souvent cité : il s’agit du système international de messagerie bancaire Swift. Onze mille banques l’utilisent dans le monde pour échanger leurs ordres de transferts et sa réputation de sécurité a longtemps été sans ombre. Mais ce temps n’est plus : plusieurs actes de piraterie réussis ont été récemment recensés contre le système. Les principaux ont visé des pays parmi les plus pauvres et pour cela les moins avancés en matière de lutte contre la cybercriminalité : c’est le cas de la banque centrale du Bangladesh ou de la banque commerciale équatorienne, Banco del Austro. Dans les deux cas, les ordres fictifs passés ont causé des dizaines de millions de dollars de dommages. De quoi reléguer les traditionnels braquages de banques au rang d’anecdotiques vieilleries. Swift ne fait pas mystère que des logiciels malveillants destinés à masquer la réalité de transactions frauduleuses sont à l’œuvre dans le système. Aussi la coopérative bancaire appelle-t-elle ses membres à mettre urgemment leurs systèmes de défense à niveau, sous peine de risquer l’exclusion pure et simple.

Pour l’organisation comme pour ses mandants, la menace est sans précédent même si elle peut être affrontée (lire L’Evénement). Gottfried Leibbrandt, le patron de Swift, croit qu’elle pourrait accoucher, non d’un péril mortel mais seulement d’une nuisance gérable. La structure discute déjà avec la Banque des règlements internationaux et le Conseil de stabilité financière pour que le critère de la sécurité des transferts au sein de ce qui n’est rien d’autre que le système nerveux de la finance mondiale tienne dans leurs contrôles la place qu’exige son importance critique. Pour les banques et les Etats, la mobilisation générale s’impose aussi. Cela signifie une couche supplémentaire de coûteux investissements informatiques à consentir des deux parts, aucune ne pouvant en faire l’économie. La France, de ce point de vue, ne compte pas parmi les retardataires, grâce notamment à sa loi de programmation militaire 2013.

Mais là encore, la bonne réponse pourrait bien prendre des chemins de traverse du côté de la finance disruptive. En mettant sur pied des missions « Blockchain », ce protocole technologique auquel la monnaie virtuelle bitcoin est adossée, c’est en particulier la sécurité des transferts que les banques centrales mondiales ont en tête. Et les applications concrètes appliquées aux tranferts ne sont peut-être pas aussi éloignées qu’il y paraît. La Banque du Canada, par exemple, expérimente ainsi une forme digitale du « huard », le dollar canadien : ce qui serait la première crypto-devise de l’Histoire pourrait être émise, transférée et compensée via la technologie Blockchain. Certes, celle-ci n’est sûrement ni infaillible ni omnipotente et pourrait d’ailleurs n’apporter qu’une solution partielle. Mais elle n’en paraît pas moins déjà promise à compter parmi les remèdes possibles à la crise de cyber-névralgie qui menace le système financier mondial

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