Banques, Berlin doit agir
jeudi 06 octobre 2016 AEFR Visiter le site sourceAprès l’Italie et le Portugal, sans parler de la Grèce, c’est au tour de l’Allemagne de voir exposée au grand jour la faiblesse de son système bancaire. Deutsche Bank n’est que la grosse partie émergée d’un iceberg que personne – et notamment pas le ministre des Finances Wolfgang Schäuble – ne veut considérer pour ce qu’il est : un secteur obsolète dans une économie en voie de vieillissement accéléré. Les avertissements ne lui ont pas manqué. Le dernier, celui de Mario Draghi, qui a appelé les membres de la zone euro à restructurer rapidement son secteur bancaire encombré, s’adressait d’abord à l’Allemagne. Il est urgent qu’elle l’entende et agisse, et toute l’Europe avec elle.
La crise de Deutsche Bank est un enjeu systémique et intéresse donc la finance mondiale. Au-delà d’une amende habilement négociée aux Etats-Unis, ce que le marché attend, c’est d’abord un plan lui démontrant que le groupe peut retrouver un modèle économique viable. Ce n’est qu’à cette condition que le cours pourra reprendre de la hauteur et un inévitable appel au marché espérer le succès. Mais cela ne suffira pas. Il faut aussi pour traiter le problème bancaire allemand que soient lancées plusieurs réformes résolues. La première consiste à restructurer un tissu bancaire pléthorique, qui répond à des logiques locales incompatibles avec des critères de rentabilité élémentaires. La seconde consiste à redonner à l’Allemagne un dynamisme économique qui s’étiole dangereusement. Plutôt que de se faire le héraut d’un peuple de rentiers grognons pour cause de taux négatifs imposés par la BCE, le ministre des Finances ferait mieux d’utiliser les énormes – pour ne pas dire déments – excédents générés par son pays pour relancer une économie qui en a bien besoin. La logique financière ne serait pas la seule à trouver son compte dans un « plan Schaüble » pour les infrastructures : une relance puissante serait aussi pour ses banques une source de jouvence, sans parler des effets heureux que l’Europe dans son ensemble pourrait espérer d’un redémarrage de la première de ses économies.
Les autres conditions d’un règlement du problème ne dépendent pas seulement de l’Allemagne : l’une suppose que l'Italie fasse aussi ce qu'il faut pour mettre ses banques hors d'eau ; une autre consiste à redonner priorité absolue à la conclusion du processus de l’Union bancaire, largement enlisé, et à refermer définitivement le languissant débat sur la structure des banques européennes. Sachant que la dernière condition d’une politique bancaire cohérente paraît enfin, et c’est heureux, à portée de main : le consensus de toutes les parties prenantes en Europe à propos de la nécessité d’un coup d’arrêt au débat sur Bâle 4 tel qu’engagé par les régulateurs internationaux. On le voit, l’urgence bancaire doit être l’affaire de tout le continent. Mais elle ne peut recevoir sa première et plus puissante réponse qu’en une seule capitale : Berlin.