Les Cahiers de l'EIFR n°10
lundi 19 avril 2021 AEFR Visiter le site sourceEDITO
2020, une année de stress test grandeur réelle ! Cela a le mérite, comme pour les tests prudentiels, de faire émerger forces et faiblesses pour élaborer des plans de remédiation.
Ce test a été également un accélérateur de tendances attendues : la 4ème révolution industrielle et le règne des datas, qui sortent du silo des directions informatiques pour remonter au « front » via l’Intelligence Artificielle et le Machine Learning, et une prise de conscience anticipée des « unexpected consequences » de régulations parfois en décalage avec les réalités du terrain.
Certains, sautant à la conclusion, se posent la question des limites d’un déclin avéré et des conditions de rebond. En effet, l’Europe continue à être marquée par une hyper complexité de ses règles et une extrême lenteur de réaction. Tout cela n’est pas inéluctable à condition de vision commune du bien commun européen, de détermination et de bon sens. La mission de l’EIFR, dans la sphère financière, très instrumentale pour faire face à ces crises aux origines multiples, est bien de contribuer à une compréhension partagée de ce bien commun et des contraintes inutiles. Cela passe par la mise en perspective d’une régulation qui répond à une stratégie d’ensemble conditionnant la compétitivité et le financement de l’économie européenne.
Les évènements de l’EIFR, par la diversité voulue des thèmes abordés et la qualité des intervenants, proposent par petites touches « impressionnistes » une photographie des points de vigilance et des « best efforts » de part et d’autre pour y faire face. Ils contribuent, pour le compte d’une Europe performante, à matérialiser et partager cette « école française de la finance », qui sans arrogance, peut répondre à la récente absence du moteur anglo-saxon, dont les bases étaient parfois culturellement éloignées des traditions de l’Europe continentale.
Ces 10èmes Cahiers, probablement les derniers de l’EIFR d’origine - l’EIFR va en effet prendre un nouvel essor en fusionnant avec l’AEF (Association d’Economie Financière), pour devenir l’AEFR (Association Europe, Finance, Regulations), et donc augmenter sa masse critique et son périmètre d’action -, reflète bien cette ambition. Bien évidemment, ils passent en revue l’impact de la crise sanitaire sur la résilience et l’adaptabilité des règles prudentielles. Ils partagent les travaux juridiques de fond du HCJP, principalement liés au Brexit, mais aussi les avancées essentielles de la CMU en termes de convergence des règles d’insolvabilité des entreprises. La supervision n’est pas oubliée, avec son défi culturel national qui prolonge la fragmentation des marchés, son regard croisé vers l’Amérique et les pratique BCE, ou les défis permanents des fraudes. Enfin deux autres défis clés : les progrès en matière de financement alternatif des entreprises avec les OFS et la problématique de l’Euro numérique, dont le positionnement vis à vis de l’euro scriptural digitalisé s’appuyant sur des infrastructures de paiements toujours plus efficaces reste ambigüe.
L’étape suivante des Cahiers sera leur prolongation un cran plus loin vers des « debate papers » pour contribuer encore plus explicitement au renforcement de la pensée sous-jacente des décisions européennes en matière d’alignement entre stratégie et régulation : « responsible smart & lean regulation ».