Les assureurs français face aux risques liés à la perte de biodiversité : Enjeux et enseignements pour les organismes et leur supervision
jeudi 20 juin 2024 ACPR Visiter le site sourceCet article a pour objet de présenter les principaux enjeux et canaux de transmissions du risque de perte de biodiversité pour le secteur de l’assurance. Si l’activité d’assurance, en tant que telle, dépend directement peu des services écosystémiques et a un impact très limité sur la perte de biodiversité, les assureurs y sont néanmoins potentiellement significativement exposés de façon indirecte : d’une part, du fait de leurs placements ou investissements dans des entreprises fortement dépendantes des services écosystémiques, ce qui les expose à des risques sur le rendement de leurs actifs ainsi qu’à des risques de crédit ou de contrepartie ; d’autre part, du fait de la fourniture de services d’assurance ou de réassurance à ces entreprises fortement dépendantes des services écosystémiques ou ayant un impact néfaste sur la biodiversité et donc exposées à des risques de pertes financières. Cet article dresse également un premier bilan des remises des assureurs soumis à des exigences de publication en matière de risque de perte de biodiversité dans le contexte de la mise en œuvre du règlement européen SFDR (Sustainable finance disclosure regulation) et de l’article 29 de la Loi énergie climat, qui reste en avance de phase par rapport au marché. Il en ressort que le secteur de l’assurance en France a progressé dans sa prise en compte du risque de biodiversité mais reste confronté à des difficultés majeures, liées notamment à : la compréhension de la notion de « dépendance à des services écosystémiques », qui s’applique effectivement mal aux intermédiaires financiers ; la complexité à évaluer les impacts financiers et non financiers d’une notion difficile à mesurer, en l’absence de méthodologie ou d’indicateurs consensuels et du fait de ses caractéristiques propres (présence de non-linéarité et d’irréversibilité, non-substituabilité, dynamiques à la fois mondiales et très localisées…). L’article conclut par quelques recommandations visant à améliorer la prise en compte, la transparence et la qualité des publications des assureurs en matière de risque de biodiversité.