Les réserves obligatoires, instituées en France en 1967, y ont connu une utilisation diversifiée. D'abord assises sur les dépôts, elles ont été étendues aux encours de crédit. De 1972 à 1986, leur taux progressif en a fait un instrument de pénalisation, auxiliaire d'un système d'encadrement du crédit. Avec le décloisonnement du marché des capitaux, les réserves proportionnelles deviennent un instrument de la politique monétaire. Les réserves obligatoires sont un moyen d'accroître les besoins de liquidité des banques, mais aussi l'incertitude sur les coûts de ceux-ci. Elles jouent donc sur l'offre de crédit des banques, les incitant à réduire les crédits nouveaux et à rechercher des ressources non monétaires. En France, leur rôle a surtout été d'agir sur le coût du crédit. Elles n'ont pu véritablement freiner l'expansion monétaire. Les réserves obligatoires proportionnelles ont donc été quelque peu mises en sommeil, puis, en 85, ont vu leurs taux relevés, en raison de la mutation financière - essor des instruments négociables, ouverture sur l'extérieur, qui rendaient caduc ce type de contrôle monétaire.
La Banque de France voit une double utilité aux réserves obligatoires. Elles facilitent la politique de taux d'intérêt de la Banque centrale et elles modifient le comportement des banques. Celles-ci sont incitées à gérer leurs actifs - pour en éviter le gonflement - et leur passif. Pour y réduire les ressources soumises à réserves dans un sens conforme aux objectifs généraux de la politique monétaire, les établissements de crédit, s'ils assurent davantage leur liquidité par des ventes de titres sur les marchés secondaires, et moins par le « refinancement » (en fait endettement auprès de la Banque centrale) favoriseront la destruction de monnaie, une diminution de l'assiette des réserves et de la demande de monnaie. Ainsi, en intervenant sur les marchés de capitaux, ils pourraient renforcer une politique d'open market. Ce point n'est pas encore atteint. La situation actuelle est transitoire : si les réserves obligatoires sont en déclin, on note encore de nombreux exemples d'utilisation. Dans la perspective du marché européen des capitaux, il s'agira surtout d'éviter qu'elles ne créent des conditions de concurrence disparates entre les systèmes nationaux.