Le développement des marchés est dû à l'importance des déséquilibres économiques plus qu'à la sophistication des technologies. Mais celles-ci façonnent leur architecture. Les progrès technologiques ont conduit à la généralisation des négociations décentralisées et continues. Améliorant théoriquement leur efficience, cette architecture accentue concomitamment les risques de liquidité des marchés. La fragilité systémique des marchés financiers s'explique, de façon ambiguë, par les risques soit de ruptures de leur continuité, soit d'emballements chaotiques qui nécessitent d'introduire volontairement de telles ruptures. L'accroissement des volumes, facilité par les gains de productivité, conduisent par ailleurs à une accentuation des risques de livraison et de contrepartie tandis que le montant des investissements nécessaires constituent un risque financier significatif pour les intervenants. Les progrès technologiques affectent également leur gestion interne. L'informatique des salles de marchés, la gestion des positions, sont plus performantes mais les risques opérationnels s'en ressentent. La conception de produits complexes est aussi facilitée, ce qui peut conduire à mésestimer les risques liés au caractère virtuel des hypothèses
utilisées. A contrario, le contrôle des risques bénéficie des progrès technologiques, mais la compréhension, au-delà des lois statistiques, de leur nature réelle reste un enjeu crucial.