Michel Albert était un homme de foi. Foi religieuse bien sûr, qui l’animait et qu’il portait avec ferveur, mais sans ostentation. Foi dans le projet européen dont il avait été l’acteur de 1963 à 1970 à la Banque européenne d’investissement et dont il fut toujours un vigoureux défenseur. Foi dans l’économie mixte, ce curieux mélange qui a permis à un fonctionnaire dans l’âme comme lui de devenir président de l’une des plus grandes compagnies d’assurances françaises, les AGF, de 1982 à 1994.
Mais foi aussi et surtout dans la pédagogie économique. Tous les économistes de France rêveraient de piloter (avec Yves Montand) une émission de télévision comme « Vive la crise » qui, en 1984, a réalisé un audimat de 39 %, score probablement, et malheureusement, à jamais inégalable pour une émission d’économie à la télévision. Mais sa passion pour la pédagogie économique ne se limitait pas à cette prestation télévisuelle. Il l’a manifestée dès 1959 en participant activement aux travaux du comité Rueff-Armand consacré – déjà... – à « la suppression des obstacles à la croissance économique ». Il l’a confortée en dirigeant le Commissariat général au Plan (1978-1981) où il a fait preuve d’un souci permanent d’animation du dialogue avec les partenaires sociaux. Mais cette passion, il l’a surtout exprimée au travers de ses nombreux écrits ponctués de citations restées célèbres (« Les hauts salaires d’hier provoquent le chômage d’aujourd’hui et les baisses de pouvoir d’achat de demain. »), mais aussi de concepts comme celui de « capitalisme rhénan » que l’on ferait bien de méditer à nouveau aujourd’hui.
Rien d’étonnant à ce que Michel Albert ait bien aimé la Revue d’économie financière dont, membre du Conseil d’orientation, il a suivi l’essor avec bienveillance. Rien d’étonnant non plus à ce que la REF lui rende aujourd’hui hommage.
La Revue d’économie financière