Crise de la Covid-19, le retour des reliques barbares
Le monde vient de subir le choc économique négatif le plus violent qu’il ait connu depuis les années 1930. Par le passé, de pareils soubresauts macroéconomiques prenaient une dimension encore plus spectaculaire sur les marchés de matières premières – et plus largement de commodités – qui exerçaient une fonction de révélateur de toutes les tensions en jeu, qu’elles soient géopolitiques ou économiques. Ainsi, en 1929, la déprime des marchés agricoles sur fond de surproduction mondiale a largement précédé le krach boursier. En 1974, l’ultime étincelle de la crise fut le premier choc pétrolier qui embrasa l’ensemble des marchés durant le reste de la décennie. En 2008, un choc majeur sur les marchés (avec notamment le prix record du pétrole à 147 dollars le baril) précéda de quelques semaines la crise des subprimes. Rien de tel en 2020. Les marchés ont bien sûr subi un choc de demande et cela dans un contexte plutôt marqué au coin de la surproduction : en avril-mai 2020, la plupart des marchandises ont touché des points bas (voire négatifs dans le cas exceptionnel du pétrole aux Etats-Unis) avant de rebondir grâce à la perspective de la reprise économique chinoise. Au total, les matières premières ont été peu affectées directement par la Covid-19 et les perspectives de l’automne 2020 ne tranchent pas vraiment sur celles déjà bien anciennes remontant à janvier 2020. Entre-temps, deux « reliques barbares » se sont illustrées, l’or grâce aux taux négatifs et le fer grâce à la demande chinoise : l’or et le fer qui ont fait presque oublier les frasques pétrolières.