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 Risque de stagnation séculaire et conséquences sur les taux d'intérêt réels


Gilles DUFRÉNOT * Chercheur associé, CEPII ; professeur, Aix-Marseille Université ; membre, École d'économie d'Aix-Marseille (AMSE). Contact : gilles.dufrenot@univ-amu.fr.

Cet article présente quelques enjeux de la stagnation séculaire, phénomène que l'on peut résumer comme la conjonction de trois phénomènes, à savoir des trajectoires baissières sur plusieurs décennies des taux de croissance potentiels, des taux d'intérêt dont la tendance est aussi baissière depuis plusieurs décennies, ainsi que des pressions déflationnistes persistantes dans le temps. Les pays industrialisés sont confrontés à ces phénomènes depuis le milieu des années 1980. La croissance potentielle exerce une influence sur les taux d'intérêt naturels qui sont un attracteur de long terme pour les taux réels observés. L'article présente quelques interprétations théoriques des déterminants et de l'évolution des taux naturels, ainsi que les mesures empiriques obtenues pour différents pays. Nous insistons sur le rôle des marchés financiers et des conséquences du phénomène de « gloutonnerie » de l'épargne. Du point de vue de la politique monétaire, une difficulté pour faire converger les taux réels observés vers les taux naturels peut apparaître en régime d'inflation basse lorsque le taux d'intérêt nominal est contraint par la barrière zéro (zero lower bound). Des politiques budgétaires expansives peuvent être recommandées pour faire converger les deux taux.

Cet article présente quelques réflexions récentes sur les déterminants des taux d'intérêt réels dans un contexte de stagnation prolongée. Traditionnellement, les modèles de croissance néoclassiques considèrent que le taux d'intérêt réel à l'état stationnaire dépend de facteurs « réels » dans des économies où la monnaie et la finance sont supposées neutres à long terme : taux de préférence pour le présent, degré d'aversion au risque, taux d'épargne, taux de dépréciation du stock de capital, facteurs démographiques, etc. Ce taux réel est interprété comme un taux de rendement du capital à moyen-long terme dans un monde appréhendé comme un vaste marché des fonds prêtables. C'est donc aussi un taux qui reflète l'équilibre entre l'épargne et l'investissement au niveau agrégé. Les approches wickselliennes adoptent la même interprétation du taux…