Balzac et la tragédie des enclosures
L'œuvre de Balzac est colossale, et c'est peu dire. Elle lance à sa postérité un immense défi. Son projet de Comédie humaine est infiniment plus complexe que les amples suites romanesques qui ont suivi, de Romain Rolland à Maurice Druon, en passant par Roger Martin du Gard ou Georges Duhamel. Aucun n'a soutenu, ni même manifesté l'ambition de « faire concurrence à l'état civil ». L'état civil est une liste de noms – la Comédie humaine en compte deux mille cinq cent – et une liste de noms n'a rien à voir avec un catalogue. Encore moins avec un cadastre, qui dessine une géographie. La Comédie humaine retrace l'histoire d'une société, rendue vivante et surtout « présente », à travers une multiplicité de biographies, rencontrée par le lecteur d'un ouvrage à l'autre, dans les situations les plus différentes, sans souci apparent de…