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 Les effets hétérogènes de l'inflation en France et dans la zone euro


Erwan GAUTIER * Chef du Service des analyses microéconomiques, Banque de France. Contact : erwan.gautier@banque-france.fr.
Jérémi MONTORNÈS ** Économiste-chercheur, Service des analyses microéconomiques, Banque de France. Contact : jeremi.montornes@banque-france.fr.Les opinions exprimées sont celles des auteurs et n'engagent ni la Banque de France, ni l'Eurosystème. Les auteurs remercient Marie-Laure Barut-Etherington, Pierre Sicsic, Vladimir Borgy et Frédérique Savignac pour leurs suggestions et leurs commentaires.

Cet article étudie les effets hétérogènes de l'inflation sur les différentes catégories de ménages en France et dans la zone euro entre le milieu de 2021 et la fin de 2023. Les différences de structure de consommation entre les ménages et la dispersion des hausses de prix entre produits sont à l'origine d'inégalités d'inflation. L'épisode inflationniste, causé par la hausse des prix importés, a principalement touché les ménages consacrant une plus grande part de leurs revenus aux produits énergétiques et alimentaires. En France, les inégalités d'inflation selon les quintiles de revenus sont restées faibles sur la période, mais les disparités par âge et par zone de résidence ont été plus marquées. La « remise à la pompe » et les boucliers tarifaires ont contribué significativement à réduire les inégalités d'inflation.

Tous les ménages ne sont pas égaux devant l'inflation. D'un point de vue théorique, l'inflation est en effet considérée comme une taxe régressive sur la consommation (Erosa et Ventura, 2002 ; Gautier et al., 2020) : l'inflation affecte davantage les ménages modestes, dans la mesure où ces derniers consacrent une part plus importante de leurs revenus à la consommation des biens et des services essentiels (logement, alimentation, etc.) ; la hausse des prix touche aussi les ménages qui détiennent davantage leur richesse en dépôts ou en numéraire qu'en actifs immobiliers ; enfin, elle touche plus les ménages qui peuvent difficilement renégocier leur salaire nominal. Plus l'inflation est élevée et plus les effets redistributifs non désirés de l'inflation peuvent être importants et persistants. En 2022 et en 2023, la hausse des prix ayant été…