En décidant, en 1997, de traiter le thème de "la finance asiatique", qui pouvait se douter que la crise thaïlandaise mettrait ce sujet au cœur de tous les débats qui ont eu lieu pendant l'été qui vient de s'écouler ? Ce numéro consacré au Japon fait donc date parce que le sujet n'a jamais été, au cours des dernières années, traité de manière aussi systématique par une revue académique. Mais il fait aussi date pour deux autres raisons : d'une part, parce qu'il est centré sur la finance et donc il va plus loin (sur les fonds de pension ou le secteur des assurances notamment) que ne le ferai un numéro plus généraliste ; d'autre part, il s'est ouvert à des points de vue pour partie complémentaires mais, pour partie aussi, contradictoires. Preuve que l'on est encore dans l'actualité et que le recul historique manque, cette livraison sur bien des points ne permet pas de conclure même si au travers même de ses éclairages multiples, elle permet de "mieux comprendre pourquoi l'on ne comprend pas tout".
Toutefois, cette livraison apporte aussi son comptant de certitudes et, en particulier, de certitudes nouvelles. Nombre d'articles publiés dans ce numéro auraient pu avoir pour sous-titre : la fin des mythes. On ne peut, en effet, plus regarder le Japon aujourd'hui de la même façon qu'il y a ne serait-ce que cinq ans. Il est deux mythes au moins qui, comme le bath thaïlandais, ont nécessité une forte dévaluation. Le premier mythe est celui de l'invincibilité japonaise. Le Japon est fragile. La machine de guerre nipponne fondée sur un fort taux d'épargne, un yen faible et des banques toutes puissantes mais asservies au financement de toute l'industrie, s'est enrayée. Face à la libéralisation et à la mondialisation (mais aussi en raison d'évolutions à caractère endogène), ce qui constituait des forces s'avèrent aujourd'hui être des faiblesses.
Mais il ne faut pas réduire le Japon au rôle de puissance de second rang dans un Sud Est asiatique en pleine effervescence, zone capable de générer de nouveaux dragons susceptibles de ravir la suprématie économique régionale à l'Empire où désormais le soleil se coucherait… Car le Japon est en train de muer, même si cette mue se fait dans la douleur. Le contrat social japonais est en cours de redéfinition. Le tout puissant MOF est en train de se remettre, pour partie, en cause. Le désendettement des entreprises bat en brèche le modèle de la "main bank". Les banques étrangères contribuent à la redéfinition du gouvernement d'entreprise à la japonaise. Jamais le Japon n'a connu autant d'innovations en matière économique et sociale qu'au cours des années récentes.
L'innovation est un processus de "destruction créatrice". C'est lorsque les innovations sont les plus nombreuses que les interrogations sont les plus grandes. Cette livraison de la REF constitue une étape de la réflexion sur l'économie japonaise en ce qu'elle dresse, au travers d'analyses parfois contradictoires, une liste exhaustive des questions qu'il convient de se poser pour comprendre de quoi sera fait l'avenir de l'Asie.
En décidant, en 1997, de traiter le thème de "la finance asiatique", qui pouvait se douter que la crise thaïlandaise mettrait ce sujet au cœur de tous les débats qui ont eu lieu pendant l'été qui vient de s'écouler ? Ce numéro consacré au Japon fait donc date parce que le sujet n'a jamais été, au cours des dernières années, traité de manière aussi systématique par une revue académique. Mais il fait aussi date pour deux autres raisons : d'une part, parce qu'il est centré sur la finance et donc il va plus loin (sur les fonds de pension ou le secteur des assurances notamment) que ne le ferai un numéro plus généraliste ; d'autre part, il s'est ouvert à des points de vue pour partie complémentaires mais, pour partie aussi, contradictoires. Preuve que l'on est encore dans l'actualité et que le recul historique manque, cette livraison sur bien des points ne permet pas de conclure même si au travers même de ses éclairages multiples, elle permet de "mieux comprendre pourquoi l'on ne comprend pas tout".
Toutefois, cette livraison apporte aussi son comptant de certitudes et, en particulier, de certitudes nouvelles. Nombre d'articles publiés dans ce numéro auraient pu avoir pour sous-titre : la fin des mythes. On ne peut, en effet, plus regarder le Japon aujourd'hui de la même façon qu'il y a ne serait-ce que cinq ans. Il est deux mythes au moins qui, comme le bath thaïlandais, ont nécessité une forte dévaluation. Le premier mythe est celui de l'invincibilité japonaise. Le Japon est fragile. La machine de guerre nipponne fondée sur un fort taux d'épargne, un yen faible et des banques toutes puissantes mais asservies au financement de toute l'industrie, s'est enrayée. Face à la libéralisation et à la mondialisation (mais aussi en raison d'évolutions à caractère endogène), ce qui constituait des forces s'avèrent aujourd'hui être des faiblesses.
Mais il ne faut pas réduire le Japon au rôle de puissance de second rang dans un Sud Est asiatique en pleine effervescence, zone capable de générer de nouveaux dragons susceptibles de ravir la suprématie économique régionale à l'Empire où désormais le soleil se coucherait… Car le Japon est en train de muer, même si cette mue se fait dans la douleur. Le contrat social japonais est en cours de redéfinition. Le tout puissant MOF est en train de se remettre, pour partie, en cause. Le désendettement des entreprises bat en brèche le modèle de la "main bank". Les banques étrangères contribuent à la redéfinition du gouvernement d'entreprise à la japonaise. Jamais le Japon n'a connu autant d'innovations en matière économique et sociale qu'au cours des années récentes.
L'innovation est un processus de "destruction créatrice". C'est lorsque les innovations sont les plus nombreuses que les interrogations sont les plus grandes. Cette livraison de la REF constitue une étape de la réflexion sur l'économie japonaise en ce qu'elle dresse, au travers d'analyses parfois contradictoires, une liste exhaustive des questions qu'il convient de se poser pour comprendre de quoi sera fait l'avenir de l'Asie.