Les innovations des banques centrales dans la crise de la Covid-19
Le capitalisme globalisé a subi deux crises systémiques en douze ans. Elles sont distinctes par leur déclenchement, mais étroitement liées par les vulnérabilités financières inhérentes à l’extension de l’endettement public et privé dans le déploiement du cycle financier. L’interaction de la dette et de la liquidité en est le pivot. On étudie la dynamique de la liquidité dans les deux crises systémiques ; ce qui met en évidence l’importance cruciale de la monnaie dans le momentum du cycle financier. Après en avoir rappelé la logique, nous comparons les enchaînements financiers qui ont conduit à l’assèchement de la liquidité dans les deux crises. Cette analyse met en évidence le rôle crucial des banques centrales. Nous montrons qu’elles ont largement dépassé le rôle limité et temporaire que la théorie utilitariste de la monnaie assigne au prêteur en dernier ressort. Parce que la monnaie est le lien social fondamental des économies de marché, la banque centrale est l’institution qui sauvegarde la souveraineté de la monnaie dans les crises. Nous montrons que les banques centrales ont innové pour prendre en charge entièrement les marchés de la liquidité et étendre le crédit au secteur privé non financier en coordination étroite avec les gouvernements. Ces innovations ont été considérablement amplifiées dans la crise pandémique. On peut en conclure, avec l’irruption des risques environnementaux, que les banques centrales vont être des acteurs essentiels de la transformation des marchés de capitaux impliquée par le développement durable. En conséquence, la politique macroprudentielle et la politique monétaire devront être étroitement liées.