Crises et capacité d'endettement public : la révolution financière anglaise aux XVIIe et XVIIIe siècles
Un résultat remarquable qui n'empêcha pas le rapport « dette/PIB » de croître de façon vertigineuse jusqu'en 1815 au rythme des guerres avec la France.
Entre 1688 (la Glorious Revolution) et les années 1730-1740, l'Angleterre réussit à se doter d'une capacité d'endettement considérable. Cette révolution financière fut le nerf des guerres qui se succèdent jusqu'en 1815. Elle anticipe et prépare la révolution industrielle, l'expansion capitaliste et la domination britannique. La dette et le rapport « dette/PIB » vont pouvoir exploser au xviiie siècle, ce dernier dépassant 250 % en 1815. S'il y eut des secousses financières, le sterling et le crédit de l'État vont tenir et se consolider. L'article montre comment cela s'est réalisé : augmentation de la capacité à lever des impôts en relation avec la prise de pouvoir parlementaire, réforme monétaire accomplie dans la crise de 1694-1697, création de la Banque d'Angleterre pour soutenir la dette, politique de transformation de la dette en actions d'une compagnie coloniale, de cantonnement et de restructuration qui a donné lieu à la dérive spéculative majeure de la South Sea Bubble.
Le contraste entre les xviiie et xixe siècles est spectaculaire. Après 1815, la domination britannique assurée, la priorité sera donnée à la baisse des prélèvements ; le montant de la dette ne sera réduit que tardivement et modérément. En revanche, grâce à la croissance, le rapport « dette/PIB » va s'effondrer. Jusqu'en 1914.
Cela s'est fait dans les guerres perpétuelles, les conflits politiques.
Le xixe siècle connaît une chute vertigineuse du rapport « dette/PIB », mais une baisse du montant de la dette seulement tardive et modérée.