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 Le virage vers l'Asie de l'economie russe


Hubert TESTARD * Enseignant sur l'Asie, Paris School of International Affairs (PSIA), Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po Paris). Contact : Hubert.testard@gmail.com.

La guerre avec l'Ukraine et les sanctions occidentales conduisent inexorablement l'économie russe à se tourner vers l'Asie en développement, qui constitue le seul antidote possible à l'effondrement des relations avec l'Europe. Le continent asiatique est relativement résilient face au choc macroéconomique provoqué par cette guerre et sa dépendance énergétique va continuer de nourrir la réorientation des exportations russes.

Les perspectives de nouveaux partenariats et d'investissements asiatiques en Russie sont pour l'instant limitées par deux facteurs clés : le retrait des entreprises des pays développés d'Asie (Japon, Corée du Sud, Taïwan) et la prudence des grands groupes d'Asie en développement face aux risques économiques et réputationnels du moment. L'Asie ne comblera donc pas rapidement les vides laissés par les entreprises occidentales sur le marché russe.

À long terme, l'ouverture à l'égard de Moscou se fonde dans une majorité de pays asiatiques sur une neutralité politique à l'égard du conflit et sur des liens militaires et géostratégiques anciens qui seront maintenus. Sur le plan monétaire, la Chine va tenter de construire une alliance russo-asiatique ambitieuse pour contrer l'hégémonie du dollar.

La guerre en Ukraine a des effets multiples sur l'Asie et sur ses relations avec la Russie. Le plus signifiant pour le long terme tient sans doute à la disparition du tropisme européen, que l'État russe avait maintenu à travers l'histoire. Un nouveau rideau de fer est tombé en Europe – cette fois-ci avec toute l'Europe – et le centre de gravité de l'économie russe est en train de basculer vers l'Asie en dépit des stratégies pro-occidentales de quelques pays asiatiques.Pour tenter d'évaluer l'ampleur du basculement en cours, il faut d'abord apprécier la portée du choc macroéconomique subi par les pays asiatiques avant d'analyser les flux d'échanges et d'investissements, ainsi que les nouvelles dynamiques dans les deux domaines clés que sont l'énergie et l'alimentaire. L'Asie – la Chine en particulier – cherche à modifier l'ordre financier…