La nature sous hypothèque ? Promesses et réalités des échanges dette-nature pour les pays émergents
Cet article analyse l'efficacité, les limites et les enjeux de gouvernance des échanges dette-nature (EDN) en tant qu'outil financier permettant d'alléger l'endettement externe des pays émergents et en développement (PEED), tout en orientant des ressources vers la préservation de la biodiversité et l'adaptation au changement climatique. Dans un contexte où les PEED doivent composer avec une hausse rapide du stock de dette publique, des contraintes de refinancement accrues et une aggravation des effets du changement climatique, les EDN font l'objet d'un regain d'intérêt. Malgré une capacité théorique à débloquer des financements pour la protection de la biodiversité et l'adaptation au climat, ces opérations n'allègent que marginalement la dette. Les coûts élevés liés aux transactions et le manque de transparence limitent fortement leurs bénéfices concrets. De plus, l'efficacité écologique demeure incertaine : l'additionalité environnementale est rarement démontrée, et les engagements pris en matière de politiques environnementales manquent souvent d'évaluations indépendantes. Face à ces résultats, cet article souligne la nécessité d'une refonte des EDN, incluant l'adoption de normes plus strictes en matière de suivi, d'évaluation et de gouvernance, une meilleure intégration aux priorités nationales et un ciblage plus pertinent des écosystèmes prioritaires. Bien que les EDN ne constituent pas une solution miracle aux vulnérabilités systémiques dette-climat-nature, leur amélioration pourrait contribuer à renforcer la résilience environnementale et budgétaire des PEED.