Condorcet. Prévoyance, finance et probabilités : entre raison et utopie.
Les années 1770 voient, au travers de l'expansion des guerres en Europe et en Amérique, une accélération soudaine du mouvement qui prétend régler scientifiquement, et l'angoissante question de l'endettement universel, et l'amélioration politique, économique et morale des sociétés. Or durant ces mêmes années, un jeune homme pénètre dans les cercles des acteurs de cette révolution scientifique, Marie-Jean Caritat, marquis de Condorcet, qui durant un quart de siècle se passionnera, lui aussi, pour cette nouvelle divinité sécularisée, la prévoyance, dont le culte, dans les plus vieilles logiques, au berceau de l'humanité, associe finance et prévoyance. Condorcet, dans ses diverses fonctions, contribuera très activement à la promotion, scientifique et politique, des nouvelles techniques financières et des formes institutionnelles qui permettront, plus tard, sous la Restauration, d'asseoir avec sécurité le dispositif financier français. Assurément, il sera l'un des plus ardents apôtres de ce concept nouveau de la prévoyance, figure rationnelle de cette Providence sécularisée, permettant d'unir les besoins de l'Etat et ceux des particuliers pour frayer, ensemble, les voies du progrès, grâce au calcul des probabilités.