Epargne et équité entre les générations
L'article met en perspective la dégradation de la situation financière des Etats dans les pays industrialisés, en intégrant le passif constitué des quasi " droits à retraite " des régimes de retraite par répartition. Pour en apprécier la portée en termes d'équité entre les générations, il reprend des critères classiques d'équité utilisés en économie du bien-être, le critère utilitariste et le critère " contractualiste " développé par le philosophe américain John Rawls.L'article montre que, contrairement à la thèse avancée par John Rawls, le critère utilitariste permet d'apprécier l'équité ou l'inéquité d'une distribution donnée du bien-être ou de l'effort d'épargne entre les générations successives. Au regard du critère utilitariste, le niveau d'épargne " équitable " pour la génération présente est le niveau d'épargne " utile ", c'est-à-dire celui qui maximise la somme des consommations possibles de l'ensemble des générations nées ou à naître. Ce niveau d'épargne est atteint, dans le modèle néo-classique de croissance, lorsque le taux d'intérêt réel est égal au taux de croissance " naturel " de l'économie (" règle d'or " de l'accumulation du capital).Dans le modèle néo-classique, l'accélération du progrès technique ou de la croissance démographique accroît le niveau d'épargne " équitable " puisqu'il rend plus efficace une augmentation de l'épargne ou de l'investissement. L'article revient sur divers épisodes de l'histoire économique de l'occident qui tendent à indiquer un comportement " utilitariste" des populations: l'épargne et l'investissement augmentent lorsque le progrès technique ou la croissance de la main-d'œuvre " utile " s'accélèrent. Mais tel n'est pas le cas aujourd'hui. Malgré l'accélération du progrès technique, avec la révolution de l'informatique et des communications, et malgré l'augmentation de la main-d'œuvre utile, avec la mondialisation, l'effort d'épargne n'augmente pas dans les pays industrialisés.Il est vraisemblablement inférieur au niveau recommandé par la règle d'or. On peut interpréter ce phénomène de deux manières: soit les générations présentes sont contractualistes, soit elles sont utilitaristes mais ne se sont pas rendues compte qu'elles lésaient les générations futures en laissant S'accumuler les dettes publiques.