Ce numéro de la Revue d’économie financière (REF) sur la finance indienne intervient à point nommé. Alors que le décollage de l’économie indienne sur une trajectoire à la chinoise semblait prendre forme au milieu des années 2000 avec quatre années de croissance au-dessus de 9 %, le retournement de l’économie mondiale depuis 2008 s’accompagne d’interrogations croissantes sur la résilience du…
Revue d’économie financière REF 107
Le système financier indien
Entre ouverture et modernité
publication : septembre 2012
350 pages
Perspectives macroéconomiques
Épargne et investissement dans le décollage de l’Inde : les défis du financement de long terme Accès gratuit
L’intégration de l’économie indienne à l’économie mondiale à partir des années 1990 a entraîné une progression très rapide du PIB de l’Inde (7 à 9 % par an), nécessaire pour sortir de la pauvreté une part encore importante de sa population. Le caractère graduel des réformes menées, y compris dans le secteur financier, a permis à l’Inde de faire face dans de relativement bonnes conditions à la crise financière de 2008 et aujourd’hui à celle de l’euro. Ceci ne doit toutefois pas occulter la persistance de déséquilibres structurels importants – déficits publics, pauvreté, faiblesse de l’inclusion financière, agriculture encore peu productive et difficultés de financement des infrastructures – qui risquent de contrarier la poursuite d’une croissance rapide en l’absence de nouvelles réformes financières.
Croissance, résilience et réformes : réflexions sur les défis posés par la crise à la politique économique Accès gratuit
Les vingt dernières années ont été une période de changements très profonds en Inde avec la mise en œuvre de réformes visant à promouvoir le développement du pays en donnant un rôle central à l’entreprise privée. Ce train de réformes a permis au pays d’enregistrer des taux de croissance élevés mais l’a aussi exposé à des risques croissants du fait de son insertion dans l’économie globalisée. La définition d’une politique de développement doit impérativement tenir compte de ces deux aspects pour trouver le juste équilibre entre efficacité et stabilité économiques. S’il importe de poursuivre les mesures visant à développer le secteur productif, sa diversification entre les différents secteurs d’activité est un élément essentiel de la stabilité, tout comme l’est l’existence d’un secteur financier puissant. Enfin, pour protéger l’économie de chocs financiers extérieurs, le recours à une combinaison de contrôles des capitaux et de changes flottants est souhaitable.
Le contexte économique global et les défis du 12e plan quinquennal Accès gratuit
La part des pays en développement dans le PIB mondial va croissant et pourrait atteindre 42 % d’ici 2017. Si la croissance de ces pays repose en partie sur une dynamique qui leur est propre, il n’en reste pas moins qu’elles évoluent dans un contexte globalisé, caractérisé par les difficultés des États-Unis et de l’Union européenne. Ce contexte global auquel est soumise l’économie indienne est analysé dans des perspectives de court, moyen et long terme. Dans une seconde partie, l’article procède à une analyse des caractéristiques de l’économie indienne du point de vue de l’investissement et de l’épargne, avant de préconiser une série de mesures destinées à lui permettre de relever les défis auxquels elle est soumise, en particulier dans le domaine des infrastructures et de la production agroalimentaire.
La croissance indienne : une revue des enjeux macroéconomiques Accès gratuit
L’accélération de la croissance du PIB indien constitue le trait marquant du régime de croissance de ce pays au cours des quatre dernières décennies. Le ralentissement de l’économie indienne au début de la décennie 2010 questionne cependant la capacité du pays à maintenir les taux de croissance observés avant la crise internationale. Nous proposons ici une rapide revue des enjeux macroéconomiques auxquels est confrontée l’économie indienne.Celle-ci apparaît globalement favorable, notamment du fait du faible niveau d’endettement extérieur, du niveau élevé des réserves officielles de change et de la stabilité du système bancaire. Cependant, au-delà du ralentissement du rythme des réformes économiques, la capacité du pays à continuer de faire croître son taux d’investissement semble ainsi constituer un déterminant des performances futures du pays. Dans cette perspective, la faible capacité de financement de l’État et le volume limité de ressources à long terme constituent d’importantes contraintes. Par ailleurs, la fenêtre d’opportunité démographique dont bénéficiera l’Inde dans les vingt ans à venir exige pour se réaliser que le pays parvienne à créer suffisamment d’emplois. Il ne faut donc pas exclure que le maintien de taux de croissance élevés soit plus complexe à l’avenir.
Aspects conjoncturels et politique économique
Le rôle de la banque centrale indienne dans la politique économique : une approche par le bilan de la RBI Accès gratuit
La littérature récente consacrée à la politique monétaire tantôt critique la permissivité de la Reserve Bank of India à l’égard de l’inflation, tantôt justifie son « gradualisme » lui permettant d’arbitrer convenablement parmi un certain nombre d’objectifs contradictoires. Les participants au débat prennent ainsi position sur la question de la hiérarchie souhaitée des objectifs assignés aux banques centrales et sur le choix de la meilleure stratégie à suivre afin de les atteindre. Ces réflexions restent toutefois silencieuses à l’égard des questions structurelles majeures. Cet article examine l’évolution du bilan de la RBI au fil du temps et montre que la libéralisation externe de 1991 a forgé une réorientation significative des fonctions économiques de l’institution. La banque centrale a en effet cessé de financer l’économie domestique pour assumer la tâche d’intégrer le système financier indien dans la finance globalisée. L’accumulation systématique de réserves de change, issue du recyclage des flux de capitaux progressivement tournés vers les actifs indiens et nécessaire à cette intégration, soulève la question des risques financiers supportés par le système financier indien, à l’époque où les principales devises internationales souffrent de déséquilibres persistants.
Déficits extérieurs et déclin de l’épargne intérieure sont des obstacles au financement du développement de l’Inde Accès gratuit
Le creusement des déficits courants en Inde implique des besoins de financement externe et pose actuellement des défis importants. Dans cet article, nous étudions les causes de cette dégradation et observons que les chocs externes ont joué un rôle important, notamment la hausse du prix des matières premières. Sur le plan interne, la contrepartie des déséquilibres externes est une baisse de l’épargne, due à des taux d’intérêts réels négatifs et au manque de réformes structurelles pour réduire l’inflation et les déficits budgétaires. Par ailleurs, les déficits courants ont été de plus en plus financés par des flux de dette, en particulier à court terme, ce qui implique la vulnérabilité externe croissante de l’Inde. Les investisseurs étrangers sont à présent de plus en plus réticents à investir dans les pays émergents et les banques européennes réduisent leur exposition à des régions comme l’Asie où leur activité requiert des besoins de financement en dollar. Le lien entre épargne et croissance suggère que le ralentissement actuel de l’activité économique est lié à la baisse de l’épargne et à la plus forte contrainte financière externe. Le renforcement de l’épargne est donc fondamental pour que l’Inde atteigne son potentiel de croissance et nous suggérons des choix de politiques économiques pour atteindre cet objectif.
Quelle efficacité de la politique monétaire en Inde ? Accès gratuit
La résurgence de l’inflation indienne depuis 2009 conduit à s’interroger sur l’action de la Reserve Bank of India, sur ses priorités et ses objectifs. Ceux-ci sont de fait multiples : stabilité monétaire et croissance de l’économie, mais également gestion du taux de change. L’article dresse un bilan de l’activité récente de la banque centrale et de ses résultats au regard de ces objectifs. Une politique monétaire restrictive a certes ralenti l’activité mais, ce faisant, elle a permis de casser le développement d’une spirale inflationniste. Néanmoins, des réformes structurelles de l’économie indienne sont nécessaires pour que la conduite de la politique monétaire puisse réellement répondre aux objectifs qui lui sont assignés.
Problèmes structurels
L’évolution du secteur financier en Inde Accès gratuit
Si le secteur financier indien a subi des transformations très profondes depuis le début des années 1990, il est encore influencé par le cadre institutionnel qui préexistait et est marqué par une dualité importante. Tant en ce qui concerne les marchés financiers que le secteur bancaire, le secteur privé est aujourd’hui composé d’acteurs efficaces qui évoluent dans un environnement concurrentiel international. Par contre, le secteur bancaire public, encore important même si sa part s’est réduite rapidement, est confronté à une série de problèmes structurels qu’il peine à résoudre, en particulier l’importance des créances douteuses et d’effectifs importants et peu productifs. Ceci l’amène à devoir se faire recapitaliser de manière récurrente. L’inclusion financière est par ailleurs encore très insuffisante. Tout ceci plaide pour un approfondissement des réformes.
Préparer les banques indiennes à la mondialisation : perspectives stratégiques et politiques Accès gratuit
Dans la perspective de l’après-crise financière, les banques indiennes repensent leurs modèles stratégiques et leur compétitivité. Quatre composantes essentielles doivent être intégrées dans leur stratégie concurrentielle : la taille, le périmètre d’activité, la prudence et la connaissance. Chaque organisation devra trouver le bon équilibre entre ces différents paramètres. Ceci a des implications en termes de politique économique pour obtenir la stabilité financière, et les autorités monétaires doivent dresser un cadre qui tienne compte des risques systémiques, des arbitrages nécessaires entre taille et concurrence et des moyens de parvenir à l’inclusion financière de manière viable.
Les liens entre la rentabilité des actions et les fondamentaux macroéconomiques en Inde Accès gratuit
Dans cet article, nous analysons les relations entre le cours des actions et la situation macroéconomique dans le contexte indien. Nous essayons de déterminer si la récente envolée du marché boursier est liée aux fondamentaux macroéconomiques. Nous constatons qu’il existe une forte corrélation entre les performances récentes des indicateurs macroéconomiques et le marché boursier en Inde.
Fusions et acquisitions en Inde : un aperçu des aspects réglementaires et fiscaux Accès gratuit
Depuis le milieu des années 1990, les opérations de fusion-acquisition se sont développées très rapidement en Inde du fait de l’ouverture internationale de l’économie et des réformes structurelles. En 2011, l’Inde a été le deuxième pays émergent après la Chine en ce qui concerne le nombre de ces opérations. Cet article examine l’environnement juridique et fiscal pour faire ressortir les contraintes auxquelles sont soumises les sociétés indiennes ou étrangères réalisant ce type d’opérations. Dans une seconde partie, il analyse un certain nombre d’opérations sous cet angle pour mettre en évidence la nécessité d’une bonne prise en compte de ces contraintes.
Entre régulation financière et innovation : le financement du logement et des infrastructures en Inde Accès gratuit
La crise financière de 2008 a mis en avant les dangers de certaines innovations financières apparues dans un contexte de dérégulation généralisée. En Inde, comme dans les autres pays émergents dont les marchés financiers sont peu développés, les autorités pourraient être tentées de prendre, en réaction, des mesures contrariant l’apparition de produits financiers innovants ayant une réelle utilité. Ce point de vue est illustré par l’exemple du marché du financement immobilier indien qui s’est tari en 2008 en raison des difficultés rencontrées par les principaux financeurs, banques commerciales et HFC. Compte tenu de l’importance des besoins en infrastructures et logements en Inde, l’auteur plaide pour le développement de la titrisation des crédits immobiliers qui lui paraît une alternative au financement bancaire si elle est accompagnée d’une régulation et d’une supervision adaptée.
La microfinance en Inde : croissance, crise et avenir Accès gratuit
La microfinance indienne a connu un développement fulgurant dans les années 2000 avant d'être confrontée à une crise sévère à partir de 2010. Les raisons de l’émergence de la microfinance en Inde sont en grande partie liées à l’incapacité des banques à financer les familles les plus pauvres, en dépit du développement des réseaux bancaires dans les campagnes. Ainsi en 2004, seuls 5 % des petits emprunteurs étaient financés par leur intermédiaire. En réponse, la microfinance est apparue au début des années 1980, à l’initiative de groupes d’entraide (SHG) ou de sociétés spécialisées (MFI). Cet article expose les avantages et défauts de ces deux types d’organisation et analyse la grave crise de 2010 en faisant ressortir le rôle central joué par les autorités politiques dans son déclenchement. Les errements et difficultés du modèle indien de microfinance ayant été mis à jour, le secteur devrait maintenant pouvoir reprendre son activité sur des bases assainies.
Perspectives sur l’inclusion financière Accès gratuit
La partie la plus pauvre de la population indienne, en particulier dans les campagnes, n’a pas accès aux services bancaires ou d’assurance. La question de l’inclusion financière constitue donc un enjeu important de politique économique. En se basant sur des comparaisons internationales, l’auteur soutient ici que la situation n’est en fait pas si mauvaise qu’habituellement présentée et qu’elle doit être analysée en détail. Pour aider les populations les plus pauvres, il faut notamment bien cerner leurs besoins dont une partie, la santé par exemple, peuvent être couverts par l’État sans obliger ces populations à recourir à des financements coûteux et inutiles. Par ailleurs, il faut que les autorités et les acteurs financiers répondent aux véritables besoins de ces populations en leur fournissant des produits adaptés.
Le défi de la mondialisation : quelques réflexions du point de vue de la banque centrale indienne Accès gratuit
Cet article dresse un tableau de la vision indienne de la globalisation, des avantages et des risques pour l’économie et la société indienne. Replacée dans une vision de longue période, la globalisation actuelle n’apparaît pas comme un phénomène unique et irréversible. Des considérations politiques pourraient la remettre en cause si les avantages acquis dans certains pays ne compensaient pas les conséquences sociales néfastes, comme, par exemple, la destruction d’emplois dans les pays développés. Au-delà des échanges de biens et services non financiers se pose la question des risques engendrés par la libéralisation financière. Cette dernière peut apporter beaucoup à une économie telle que l’économie indienne, elle implique toutefois la mise en œuvre par la banque centrale d’une politique monétaire complexe pour atteindre la poursuite d’une croissance rapide et bénéfique pour toute la société.
Articles divers
Comment le dollar devient-il une monnaie internationale ? Accès gratuit
Le dollar n’est pas une monnaie comme une autre, il est aussi une monnaie internationale. Ou plutôt il devient une monnaie internationale chaque fois qu’il est transféré par les États-Unis au reste du monde.Cet article analyse toutes les opérations qui sont regroupées dans la balance des paiements américaine et considère celle-ci comme le bilan d’une banque créatrice de monnaie. Il oppose ces mécanismes de création à ceux d’intermédiation qui sont habituellement privilégiés. Il poursuit ensuite l’analyse au niveau des stocks à travers la position financière internationale des États-Unis. Enfin il commente l’évolution de cette création de monnaie internationale par les États-Unis, en flux et en stocks, notamment l’impact de la crise dans les années 2008-2009.
Création d’un indice boursier islamique sur la place financière de Paris : méthodologie et performance Accès gratuit
Face aux convoitises que la finance islamique suscite actuellement, cet article propose la création et l’étude de la performance d’un indice boursier « shariah compatible » sur la place financière de Paris. Une série de filtres est appliquée au vivier de valeurs composant l’indice SBF 250 pour le rendre « shariah compatible ». À l’issue de ce processus contribuant à l’exclusion de 90 % du bassin d’actions, l’indice islamique final compte 25 sociétés. La méthode de pondération retenue pour calculer le French 25 shariah utilise les capitalisations flottantes avec un plafonnement du poids des valeurs de 15 %. Du 31 août 2007 au 31 août 2010, l’application du ratio de Sharpe, de l’alpha de Jensen et des rentabilités buy and hold nous conduisent à la même conclusion : le French 25 shariah surperforme ses homologues conventionnels et islamiques aussi bien à court terme qu’à long terme. Sur cette même période, la faiblesse moyenne du bêta de l’indice shariah à la française (0,30) peut s’expliquer par la domination de la santé dans la composition sectorielle de ce dernier (40 %).
Les risques de liquidité bancaire : définitions, interactions et réglementation Accès gratuit
Ce papier montre le caractère polymorphe de la liquidité et, par voie de conséquence, du risque de liquidité en analysant trois types de liquidité et leurs risques associés, la liquidité banque centrale, la liquidité de marché et la liquidité de financement. Il met en évidence les interactions entre le risque de liquidité de marché et le risque de liquidité de financement, et montre comment ces deux types de risque se renforcent mutuellement. Ce cadre d’analyse permet d’évaluer les propositions de Bâle III en matière de contrôle du risque d’illiquidité dans les banques en mettant l’accent sur les deux nouveaux ratios de liquidité, le ratio de liquidité « à court terme », ou ratio LCR, et le ratio de liquidité « à long terme », ou NSFR. Les auteurs montrent leurs vertus mais aussi leurs limites et suggèrent quelques pistes négligées par le régulateur.