En dix ans, les pays émergents sont passés du statut d'emprunteurs nets de capitaux à celui de prêteurs nets. À l'origine de la crise financière de 1997-98, ils deviennent victimes collatérales de la crise de 2007-08 qui a éclaté aux États-Unis et en Europe, après avoir relativement bien résisté dans un premier temps. Cet article propose une analyse du repositionnement des pays émergents dans la sphère financière mondiale à deux niveaux. Cela concerne, d'une part, la représentativité institutionnelle face aux pays industrialisés, au FMI et, d'autre part, le rôle des pays émergents au sein d'une crise financière contagieuse. En ce sens, l'article pose la question du couplage ou du découplage des cycles conjoncturels des pays émergents avec ceux des pays industrialisés, dans un environnement d'interconnexion financière. En effet, cette crise de 2008 apparaîtra comme un choc commun aux pays émergents d'un point de vue financier, alors que les crises asiatiques de 1997-98 n'avaient pas été déclenchées par des chocs communs. Mais l'hypothèse du découplage conjoncturel reste encore à vérifier : tout dépendra de la profondeur de la récession américaine et du maintien de la vigueur de la demande intérieure dans les économies émergentes.