Inflation, changement structurel et conflit de répartition : enseignements pour la politique économique
La théorie standard de l'inflation en fait un phénomène global qui ne peut durer et s'amplifier qu'en raison d'une « boucle prix-salaires », expression d'un conflit fondamental entre le capital et le travail. Sans vouloir nier cette dimension du problème, nous entendons montrer que l'inflation a aussi une dimension structurelle qui rend le conflit de répartition plus complexe à analyser et qui requiert une politique de lutte contre l'inflation ne se réduisant pas à la politique monétaire. L'enjeu est d'empêcher l'économie de basculer d'un régime de basse inflation à un régime de forte inflation, d'une inflation structurelle à une inflation globale qui serait hors de contrôle.
L'inflation, qui avait quasiment disparu depuis quarante ans, resurgit. L'interprétation première a été de la considérer comme un phénomène transitoire, caractéristique d'une période de retour à l'équilibre après une perturbation jugée globale et exogène1. Pourtant, les crises successives, financière, sanitaire et écologique, en sont le symptôme et deviennent le moteur de changements structurels importants. L'inflation observée procède initialement de tensions sur les marchés de matières premières, de productions agricoles et de composants industriels qui ont un impact différencié sur les coûts de production et les prix dans de nombreux secteurs d'activité (Bernanke et Blanchard, 2023). Tout cela se déroule dans un contexte où les entreprises doivent faire face à des ruptures technologiques et à des changements de préférences qui…