Inflation et politique budgétaire : à la recherche d'un nouveau paradigme
De nombreux outils fiscaux ont contribué à stabiliser l'inflation lors des crises économiques récurrentes depuis quinze ans : bouclier tarifaire, plans de relance, activité partielle, crédit d'impôts, etc. Ces pratiques sont cohérentes avec les récents travaux qui montrent que les outils budgétaires sont de puissants leviers de stabilisation de l'activité et de l'inflation. Dès lors, une nouvelle coordination pragmatique des politiques budgétaire et monétaire est nécessaire, qui doit s'adapter aux cadres institutionnels de chaque pays. En Europe, il est proposé que les instituts budgétaires indépendants, en charge d'informer les parlements nationaux, soient dotés d'objectifs d'analyse de l'inflation, avec les moyens analytiques adéquats.
La relation entre la politique budgétaire et l'inflation est un sujet à la fois essentiel et difficile à définir. Sujet essentiel d'abord, car l'on assiste à un retour de la politique budgétaire pour stabiliser les économies et l'inflation, ainsi qu'à des appels récurrents pour une meilleure coordination des politiques budgétaire et monétaire (Draghi, 2024). Sujet difficile à cerner ensuite par sa généralité. Depuis le choix de mise en circulation de la monnaie frappée en Lydie au vie siècle avant notre ère, l'État a souvent modifié la quantité de monnaie pour financer son budget. Cette pratique initiale, portant différents noms comme taxe inflationniste, rente de seigneuriage ou encore dominance fiscale, n'a disparu qu'avec la définition, au début des années 1980, des mandats des banques centrales avec une cible d'inflation bien…