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 Logiques et enjeux de la « transition juste » : quelle prise en charge collective du risque de transition ?


Solange MARTIN * Sociologue, Direction Exécutive Prospective et Recherche, ADEME (Agence de la transition écologique). Contact : solange.martin@ademe.fr

Qu'est-ce que la « transition juste » pour une agence publique comme l'ADEME (Agence de la transition écologique) ? La littérature grise montre que les syndicats, les gouvernements et les organisations internationales se réfèrent à la « transition juste » pour poser quatre impératifs différents. La transition doit être effectuée et, par conséquent, les politiques doivent intervenir sur les pollutions/émissions et les pollueurs/émetteurs. Cependant, la transition, conduite dans l'intérêt de tous, a des impacts négatifs sur certains emplois, entreprises, secteurs, territoires très dépendants des énergies fossiles, qu'il faut donc accompagner. Indépendamment de cette dépendance aux fossiles, la capacité à faire avec les politiques de transition est inégale au sein de la société et de l'économie, en raison de vulnérabilités économiques, sociales et géographiques dont il faut aussi tenir compte. Enfin, les parties prenantes, dont les citoyens, doivent avoir la possibilité de contribuer à l'élaboration et à la mise en œuvre des politiques de transition à tous les échelons territoriaux.

L'expression « transition juste » fait partie de ces « mots-valises » dans lesquels chacun met un peu ce qu'il veut sans forcément l'expliciter, ni s'assurer que chacun en partage le sens. Le flou de la notion s'accompagne également d'un usage un peu « magique ». La « transition juste » serait un moyen, voire le principal, d'aller vers une société plus juste, plus apaisée, plus solidaire, plus démocratique. Dans le même temps, l'injustice dont la transition serait porteuse, envers notamment les plus démunis, est clairement identifiée comme l'un des arguments actuels justifiant l'inaction climatique (Lamb et al., 2020). Ainsi, en appeler à la « transition juste » peut rapidement se limiter à une forme d'incantation superficielle, voire conduire à une impasse. De fait, la question de la justice comme principe moral est intrinsèquement…