Les "banques mixtes" qui ont soutenu l'expansion industrielle de la Belgique au XIXè siècle et au début du XXè siècle ont été scindées en 1934-35 en banques de dépôt d'une part et sociétés de portefeuille d'autre part. Cette réforme, introduite en temps de crise pour sauver le système bancaire de la déconfiture, a restreint le champ d'action des banques. L'économie de guerre et la montée de la dette publique aidant, celles-ci se sont largement tournées vers l'État qui devint pour longtemps le principal bénéficiaire de leurs crédits.
Les banques ont été fréquemment accusées d'avoir peu soutenu la croissance économique d'après-guerre - ou tout au moins celle du secteur privé ; elles s'en sont défendu en faisant valoir le carcan réglementaire qui inhibait leurs initiatives. L'allégement de ce carcan au cours des années soixante a-t-il contribué à l'accélération de la croissance économique ? Ou serait-ce plutôt la croissance vigoureuse qui permit l'assouplissement des dispositions réglementaires ?
Le système bancaire belge est resté longtemps à l'abri de la crise économique déclenchée dans les années soixante-dix, sans doute aidé par les bénéfices qu'il tirait de la montée de la dette publique. Mais depuis la fin des années quatre-vingt, la globalisation, la déréglementation et la désintermédiation forcent les banques à de nombreuses restructurations. Leur position oligopolistique dans le financement de la dette publique est ébranlée. En 1993, une réforme du statut bancaire inspirée par les directives européennes conduit à l'adoption du modèle allemand de banque universelle et clôt l'épisode historique de la "banque de dépôt".
Les banques belges face à l'État : une rétrospective (1935-1993)
Angel BERGES
Valérie de BRIEY
Isabelle CASSIERS
Chercheur qualifié du FNRS (Fond national de la recherche scientifique) et Professeur à l'Université catholique de Louvain (UCL), Assistantes à l'UCL
Florence DEGAVRE
Koichi INAMURA
Franck PORTIER
Anne-Catherine PROVOST