Revue d’économie financière REF 104
Les relations finance et industrie - Capital humain et finance
publication : novembre 2011
276 pages
Le secteur bancaire français : un levier de croissance et d’emplois Accès gratuit
Depuis l’éclatement de la crise financière, les banques françaises ont œuvré avec les autres acteurs de l’économie pour renforcer la stabilité financière et favoriser une reprise créatrice d’emplois. Dans un tel contexte, elles ont prouvé une grande capacité d’adaptation à un environnement réglementaire qui a été profondément modifié. Le secteur bancaire français composé de banques qui comptent parmi les leaders mondiaux a fait la preuve de son efficacité économique et sociale. Il est important que les réformes en cours ne remettent pas en cause son fonctionnement.
Les relations finance et industrie : une perspective historique
Introduction Accès gratuit
Ce cahier de la Revue d’économie financière a été élaboré à partir des conférences présentées lors d’un colloque consacré aux liens entre la finance et l’industrie, qui s’est tenu à Lyon en décembre 20091. S’y trouvent associés des historiens de la banque, de la finance et de l’industrie, des historiens de la pensée économique et des économistes attachés au recours à la perspective historique…
Banques et industrie en France et en Angleterre : des années 1880 à la Seconde Guerre mondiale Accès gratuit
La plupart des études comparatives des rapports entre les banques et l’industrie sur le long terme se sont centrées sur la comparaison entre l’Angleterre et l’Allemagne. La discussion sur l’efficacité relative des systèmes financiers pour la croissance de l’industrie dans ces deux pays a été souvent exposée et est relativement bien documentée. Faire intervenir une autre comparaison peut permettre d’enrichir la problématique. Nous proposons ici une étude comparative sur les relations entre banques et industrie en France et en Angleterre depuis le dernier tiers du xixe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Les raisons de ce choix résident dans le fait qu’il s’agit des deux premières puissances à avoir développé leur industrie, ainsi que dans l’existence d’importantes modifications de leurs systèmes financiers dans le temps. Enfin, en s’écartant d’une comparaison Angleterre/Allemagne souvent basée sur une opposition frontale entre systèmes fondés sur les marchés et systèmes fondés sur les banques, on espère amener à une vision plus nuancée des réalités du financement industriel et de ses problèmes.
Les marchés financiers : péril ou opportunité pour l’industrie ? Quelques enseignements d’un épisode oublié de l’histoire de la Bourse de Paris Accès gratuit
Cet article analyse l’histoire de la relation entre les entreprises industrielles et les marchés boursiers au xixe siècle en France. Il montre que, hormis quelques secteurs requérant des financements initiaux très importants comme les chemins de fer, l’industrie était jusqu’à la fin du xixe siècle peu intéressée par la bourse pour y trouver des financements. Elle y vint peu à peu, davantage pour trouver de la liquidité pour ses actions que pour de nouveaux capitaux. L’organisation de la bourse ne la satisfait pas : le Parquet parisien, marché le plus sûr, reste longtemps concentré sur les valeurs très importantes, tandis que les bourses de province sont trop peu actives pour assurer une liquidité minimale ; enfin le marché « gris » de la Coulisse parisienne apparaît comme trop risqué aux industriels prudents. Les réformes qui ont lieu à la fin du xixe siècle, en mettant le marché réglementé au centre de la place financière de Paris, contribuent à attirer les entreprises en leur fournissant un marché à la fois sûr, actif et accueillant.
Industrie et finance, histoire d’un désamour : Peugeot, 1919-1939 Accès gratuit
Comment passer à la grande série pour un constructeur automobile ? L’article montre l’exemple de Peugeot, entre 1919 et 1939, qui, face à la frilosité des banques, doit trouver de nouveaux financements. Si les liens tissés avec les maisons Rosengart et Oustric se solderont par des échecs, ils seront paradoxalement la base du renforcement de la solidarité familiale et de la constitution de sociétés de portefeuille, clés d’une stratégie d’autofinancement.
La dissolution du cœur de la Deutschland AG Accès gratuit
L’objet de cet article est d’examiner dans quelle mesure le « cœur » de la Deutschland AG – défini comme l’ensemble des participations croisées capitalistiques et humaines entre les principales institutions financières – s’est brutalement érodé cette dernière décennie. Puis nous analysons les conséquences sur le rôle des banques dans la gouvernance des sociétés industrielles cotées. Nous constatons que les institutions financières ont délaissé le rôle de Hausbank, cédant massivement leurs participations et désertant les conseils d’administration et les AG. L’article se décompose en trois parties. Après avoir relaté la mutation stratégique de la Deutsche Bank, nous quantifions empiriquement l’ampleur de la déstabilisation du « cœur » de la Deutschland AG. Nous réfléchissons enfin aux conséquences sur l’implication des banques dans la gouvernance de l’industrie.
Faut-il toujours plus limiter la responsabilité et transférer le risque pour financer l’industrie ? Accès gratuit
Cet article s’interroge sur le rôle joué par le crédit dans le déroulement des cycles d’affaires et des crises économiques et financières. Plus précisément, il s’agit de porter l’attention sur les comportements microéconomiques de recours au crédit, mais aussi sur les règles institutionnelles évolutives qui contraignent et favorisent ce recours en matière d’organisation du système bancaire et financier. L’excès de crédit et l’importance de l’effet de levier ne sont pas des phénomènes nouveaux mais ont exercé leurs influences respectives dans la plupart des cycles d’affaires qui se sont succédé depuis le début du xixe siècle. Le rappel et l’analyse historique et théorique de cette récurrence constituent ainsi des moyens privilégiés pour vérifier de façon précise comment l’excès de crédit naît de la croyance collective selon laquelle le renforcement permanent de la limitation de la responsabilité des agents et du transfert du risque conditionne un financement efficace de l’industrie.Après avoir rappelé l’importance accordée au crédit dès le xixe siècle par Clément Juglar dans la genèse des cycles, la contribution s’intéresse aux crises financières et économiques de 1866, 1882, 1929 et 2007, et tire un certain nombre d’enseignements communs qui permettent de mieux comprendre le poids des excès de crédit dans l’origine des crises.
La régulation des relations finance-industrie : capitalisme responsable ou raisonnable ? Accès gratuit
Face aux excès d’un capitalisme financier, la RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) constituerait pour certains un mode potentiel de régulation d’un « capitalisme responsable ». Notre article vise à discuter cette thèse à partir des analyses de J. R. Commons, qui a proposé un modèle de régulation du « capitalisme banquier » de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle aux États-Unis. Ce modèle qualifié de « capitalisme raisonnable » articule les dimensions industrielles et financières au travers de la prise en compte conjointe du droit et de l’éthique. Le « capitalisme raisonnable » peut être appréhendé comme un modèle d’élaboration des institutions économiques basé sur un processus de négociation collective au cours duquel les pouvoirs publics jouent un rôle d’arbitrage. Nous montrerons dans quelle mesure la notion de « capitalisme raisonnable » est préférable à l’approche RSE.
Le capital humain dans la finance
Introduction Accès gratuit
Ce second cahier de la Revue d'économie financière est consacré au capital humain dans la finance et dans la banque. Productrices de services, les activités bancaires et financières sont fortement dépendantes du facteur travail et de son efficacité pour fournir à leurs clients les services que ces derniers leur demandent et réaliser les performances financières attendues par leurs actionnaires.…
Le capital humainet les incitations sont-ils les deux mamelles des salaires dans la finance ? Accès gratuit
À partir de données salariales originales (1997-2000) issues d’une banque majeure de la place de Paris, nous montrons l’importance du capital humain au sein du secteur financier, tant par son volume que par son prix. Un examen attentif des données met toutefois en évidence des anomalies importantes par rapport au modèle du capital humain : à niveau de capital humain donné, les rémunérations diffèrent beaucoup par métier. Ces divergences sont-elles dues à des raisons d’incitation et de compensation de l’aversion au risque ? Nous montrons là aussi que la théorie principal-agent ne rend pas bien compte des inégalités de salaires. Les métiers où l’espérance de bonus est la plus élevée sont aussi des métiers où les salaires fixes sont les plus élevés. Il n’y a donc pas de tradeoff entre ces deux composantes de la rémunération. Même si le capital humain et les incitations peuvent contribuer au niveau des salaires, ils échouent à en rendre compte complètement et laissent apparaître des rentes liées à l’occupation de certaines positions clefs.
Décision de délocalisation et maîtrise des risques de capital humain : le cas des services financiers Accès gratuit
Le mouvement de délocalisation continue de se développer, malgré certains mouvements de reflux. C’est particulièrement le cas pour les industries de la finance ces dernières années. Avec ce mouvement, c’est le double enjeu de la mondialisation des marchés et de la spécialisation des industries qui se trouve posé. L’analyse complète des modèles de décision à l'œuvre devient dès lors particulièrement importante puisque différents modèles de rationalité vont être invoqués. Dans ce cadre, il nous apparaît que l’approche capital humain est requise pour faire avancer le débat au sujet des délocalisations. En effet, elle contribue à éclairer sous un jour différent l’analyse des coûts / bénéfices d’une opération de délocalisation, notamment par un examen des risques de capital humain.
La formation : un investissement nécessaire pour le capital humain des banques Accès gratuit
La formation dans les banques françaises demeure une tradition, les taux d’accès à la formation et le niveau des dépenses y sont durablement élevés. Les exigences réglementaires, techniques et commerciales expliquent ce fort investissement, rentable pour le salarié et l’employeur. Des démarches mutualisées existent lorsqu’elles ont un sens (alternance, diplômes professionnels…). Mais le système national ne permet pas d’optimiser cet investissement. L’analyse économique suggère de le repenser complètement.
Valorisation du capital humain dans la banque Accès gratuit
Il est généralement admis aujourd’hui que la valeur des individus composant une entreprise est un élément incontournable de sa performance. Bien qu’il n’existe aucune représentation directe de cette valeur, les banques attachent une importance de plus en plus grande à ce concept même si, comme tout le monde, elles ont de grandes difficultés à le cerner.L’action des banques dans ce domaine présente plusieurs aspects. Tout d’abord, elles cherchent par le recrutement à se procurer sur le marché du travail les meilleurs talents. Ensuite, elles cherchent à conserver et à faire fructifier ce capital initial par divers moyens tels que les politiques de rémunération, les incitations diverses, le repérage des plus talentueux, la formation. Enfin, il leur faut désormais satisfaire aux demandes des agences de notation extra financière qui prennent en compte la valorisation du capital humain dans leur notation « socialement responsable » selon des critères globaux largement influencés par la culture anglo-saxonne. Il s’agit là d’un enjeu relativement nouveau mais de plus en plus prégnant.
Articles divers
Les difficultés de la valorisation des entreprises par les marchés financiers Accès gratuit
Une allocation optimale du capital aux entreprises cotées dans le cadre d’un marché efficient suppose que le marché dispose d’informations précises sur les perspectives de rentabilité des sociétés afin de pouvoir les valoriser correctement. Or la réglementation impose de diffuser très largement l’information pour éviter les délits d’initiés. L’information sur l’entreprise est alors connue de ses concurrents, ce qui freine sa diffusion par les dirigeants. Le marché doit donc se contenter d’une information très pauvre pour établir les valorisations. Ceci peut contribuer à l’apparition de bulles spéculatives ou rendre difficile le financement d’entreprises dans des situations de concurrence stratégique. Une solution à cette problématique pourrait être de confier à des tiers indépendants le soin de recueillir l’information confidentielle et de la diffuser au marché sous une forme synthétique.
Investissement institutionnel et révision de la directive MIF Accès gratuit
La directive MIF a conduit à la multiplication des systèmes d’exécution des ordres en Europe. Trois ans après sa mise en place, les effets sont mitigés et amènent à la mise en chantier d’une importante révision. Dans le but d’éclairer les débats réglementaires, cet article étudie les préférences des investisseurs institutionnels en termes de méthodes d’exécution des ordres. Sur la base de données Euronext Paris, l’étude réalisée permet de montrer que la diversification des services de négociation et un certain niveau de fragmentation des flux d’ordres sont justifiés, mais doivent être accompagnés de règles de transparence adaptées.
Structure financière des banques centrales dans le contexte des mesures non conventionnelles de politique monétaire Accès gratuit
Ce papier examine la structure financière des banques centrales dans le contexte des mesures non conventionnelles de politique monétaire. Il met en lumière les réponses apportées lors de la crise financière de 2007 à 2010. Il étudie l’impact de ces politiques exceptionnelles sur les bilans des banques centrales. Celles-ci ont recours à diverses mesures non conventionnelles de politique monétaire qui ont conduit à la modification et à l’augmentation de la taille des bilans. Dans l’objectif d’accroître les actifs monétaires et de contenir les taux d’intérêt à long terme, les banques centrales ont acquis des actifs relativement illiquides tels que les obligations d’État à long terme qui sont soumises à un risque de taux. Or la politique d’assouplissement quantitatif est en mesure d'être efficace seulement si le public croit que les autorités monétaires continueront l’assouplissement monétaire. Le problème qui se pose est qu’une fois que les taux longs commencent à monter, le prolongement de l’assouplissement monétaire pourrait exposer une banque centrale à un risque de perte en capital sur ses éventuelles détentions de dettes publiques.