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 Incertitude sur la durée de vie, épargne et assurance


Denis KESSLER Académie des sciences morales et politiques ; président-directeur général, groupe Scor. Contact : dkessler@scor.com.
Cet article suit une démarche analytique pour envisager la nécessité de recourir à davantage de capitalisation pour les systèmes de retraite. Il analyse les effets potentiels qu'exerce l'incertitude sur la durée de vie. L'incertitude demeure forte en ce domaine, même si elle a tendance à se réduire au cours du temps. En raison de la méconnaissance de la date de son décès, les décisions d'épargne que l'on peut prendre peuvent s'avérer sous-optimales. Il existe donc ben des risques associés à l'incertitude sur la durée de vie, que l'épargne (hors assurance) ne permet pas de pallier pleinement. C'est grâce au mécanisme générique de mutualisation des risques que l'assurance permet de supprimer les effets des risques associés à l'incertitude sur la durée de vie. Le service d'assurance n'a pas la même nature qu'un service d'épargne. Encore faut-il que les individus se tournent spontanément vers l'assurance. Trois phénomènes doivent être pris en compte : l'ampleur des erreurs d'anticipations sur la durée de vie, la sélection adverse, selon laquelle seuls ceux qui sont les plus exposés au risque s'assurent, et le phénomène d'externalité sociale, où ceux qui ne sont pas assurés et qui sont en difficulté réclament l'intervention des pouvoirs publics. Ces trois raisons expliquent pourquoi l'on est conduit à contraindre les individus à se protéger contre eux-mêmes. C'est en s'intéressant à la fois aux comportements microéconomiques des agents et aux modalités de fonctionnement des marchés que l'on peut cerner les fondements à la fois de la demande d'assurance privée et d'offre d'assurance sociale.