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 Les pays de la zone euro sont-ils suffisamment homogènes pour partager la même monnaie ?


Virginie COUDERT * Chercheur associé, CEPII et EconomiX-CNRS.
Cécile COUHARDE ** Professeur des Universités, Université Paris Nanterre et EconomiX-CNRS.
Carl GREKOU * Économiste, CEPII ; chercheur associé, EconomiX-CNRS, Université Paris Nanterre.
Valérie MIGNON ***** Professeur des Universités, EconomiX-CNRS, Université Paris Nanterre ; conseiller scientifique, CEPII.

Cet article évalue le degré d'hétérogénéité des pays au sein de la zone euro et son évolution au cours du temps en mesurant les écarts entre les trajectoires des taux de change d'équilibre des États membres. Ces trajectoires découlent de la minimisation des écarts entre les taux de change réels et leurs fondamentaux économiques, appelés mésalignements de change. À l'aide d'analyses par grappes et factorielles, nous identifions deux groupes de pays distincts dans la période pré-Union économique et monétaire européenne, la Grèce étant très atypique par rapport aux autres États membres à cette époque. En comparant les résultats à ceux obtenus sur des périodes plus récentes, nous constatons des disparités croissantes entre ces deux groupes de pays, ainsi qu'au sein des groupes eux-mêmes. Globalement, nos conclusions illustrent les déséquilibres macroéconomiques croissants au sein de la zone euro avant la crise de 2008 et la fragmentation économique qui a suivi entre ses pays membres.

La crise financière de 2008 et celle des dettes souveraines qui a suivi en Europe ont ravivé les débats quant au processus de convergence des pays membres de la zone euro. Les caractéristiques économiques de ceux-ci sont-elles suffisamment proches pour qu'ils bénéficient tous de la monnaie commune ? Les divergences économiques entre États membres se sont-elles estompées au cours du temps ?Dès la signature du traité de Maastricht, ces questions ont fait l'objet de diverses contributions s'inscrivant dans le cadre de la théorie des zones monétaires optimales (ZMO). Selon cette théorie, deux pays ont intérêt à partager une politique monétaire commune si et seulement si les chocs auxquels ils font face sont symétriques (Mundell, 1961 ; McKinnon, 1963 ; Kenen, 1969). À l'instar de Bayoumi et Eichengreen (1993), cette littérature tendait à…