Le crédit interentreprises joue un rôle d'amortisseur des tensions conjoncturelles
L'évolution récente des délais de paiement laisse transparaître le rôle actif que joue la décision en matière de crédit commercial dans la conjoncture. L'objet de cet article est de montrer que ce rôle peut être un rôle d'amortisseur financier, symétrique du rôle d'accélérateur financier que l'approche financière récente des cycles économiques attribue au crédit bancaire. Dans cette approche, les imperfections des marchés de crédit introduisent un écart entre le coût des fonds internes et celui des fonds externes non garantis, cet écart étant inversement proportionnel à la richesse en garantie de l'emprunteur. On montre que des chocs réels ou monétaires qui détériorent la richesse des entreprises peuvent accroître le coût du crédit et réduire sa disponibilité, amplifiant ainsi le déclin de l'investissement et de la production. On désigne cette amplification des chocs initiaux due au changement des conditions de crédit par le terme " d'accélérateur financier ". Suivant cette perspective, on peut envisager le rôle d'amortisseur du crédit interentreprises comme suit : le crédit client permet aux entreprises qui connaissent un choc de richesse de pallier la moindre disponibilité du crédit bancaire. Pour des raisons d'ordre financier ou de stratégie commerciale, les fournisseurs peuvent être conduits ou contraints à s'engager dans la distribution de crédit au profit d'entreprises qui n'ont qu'un accès limité au crédit bancaire. On vérifie à partir d'un échantillon de 14500 petites et moyennes industries françaises qu'il en va bien ainsi.