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 La multipropriété, c'est l'envol


Luc ARRONDEL * Économiste, directeur de recherche, CNRS, Paris School of Economics.Contact : luc.arrondel@psemail.eu
Richard DUHAUTOIS ** Économiste, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), Laboratoire interdisciplinaire de recherches en sciences de l'action (LIRSA) et centre d'études de l'emploi et du travail (CEET).Contact : richard.duhautois@lecnam.net

Dans le football, la multipropriété de clubs (en anglais multi-club ownership – MCO) concerne aussi bien des propriétaires individuels, des groupes ou des clubs. C'est un phénomène plutôt récent qui date de la fin des années 1990, mais qui semble prendre de l'ampleur dans le football aujourd'hui.

Économiquement, cette évolution de la MCO s'inscrit dans une logique de fusions-acquisitions d'entreprises qui est une pratique courante dans une économie de marché. Elles peuvent alors être « horizontales » (rachat de clubs de même niveau), « verticales » (rachat de clubs formateurs), ou encore viser une « extension du marché » (rachat de clubs d'autres régions).

D'un point de vue sportif, cette pratique pose des problèmes évidents de conflit d'intérêts, si deux équipes d'une MCO sont amenées à se rencontrer dans une même compétition. L'UEFA (Union of European Football Associations) a (pour l'instant) réglé ces problèmes d'éthique sportive avec la jurisprudence Red Bull basée sur son concept d'« influence décisive » d'un club sur un autre.

Aujourd'hui, la propriété des clubs de football est devenue un vaste Monopoly, où les transactions sont de plus en plus fréquentes et où un même investisseur peut posséder plusieurs équipes. À la fin de 2022, selon l'instance européenne (UEFA, 2023), plus de 180 clubs dans le monde faisaient partie d'une structure multiclubs (dont un tiers possédait plus de deux clubs), contre moins de 40 à la fin de 2012. Un tiers de ces multipropriétés étaient américaines. Cette nouvelle structure de propriété des clubs de football marque, sans doute, un changement d'époque.En effet, les historiens partitionnent l'histoire du football en différentes périodes et, selon nous, après les « trente glorieuses du football » (1990-2020), la période actuelle marquerait le début d'une nouvelle ère que nous qualifions d'« hypermodernité », dont le phénomène…